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1 :: 23/11/07 :: 14:06 :: hubert
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Le ramassage du maïs

En remontant de mon Sud-Ouest bien aimé, ces vacances de la Toussaint, en voyant tous ces champs de maïs à récolter tout le long de notre trajet, je pensais à ces moments d’autrefois où nous allions le récolter.

D'abord celui que nous ramassions pour le dessert très apprécié de nos vaches... elles en raffolaient, cela les rendait tout simplement dingue, et nous les tenions difficilement si elles pâturaient à côté d'un de ces champs, succulent, à leur yeux, surtout si l'herbe commençait à se faire rare, elles le regardaient par dessus le fil de fer barbelé et restaient pensives devant ce dessert en prévision. En général elles en avaient mangé les rangées trop proches, elles avaient quand il le fallait un don extraordinaire, de tendre un cou dont on ne soupçonnait pas la longueur. Il y a un taureau comme ça, extrêmement dangereux, qui sert au Corrida en Espagne, cette capacité surprend toujours même le toréador le plus averti, et même si ce taureau n’est pas très grand il peut tuer de cette manière.

Combat de champs

J’en reviens à mes vaches gourmandes, si elles arrivaient à sauter dans ces champs de maïs elles vous le dévastaient en un clin d'oeil, car tellement friandes,de ce mets, elles goûtaient à tous et piétinaient tout, l'horreur pure et simple du petit berger, qui prenait "une avoinée" sûre en arrivant à la maison, et les fesses s'en ressentaient durant de longs jours, et rien n'y changeait le maïs était perdu. Aujourd'hui, avec le recul, j'en comprends la dimension, il n'y avait pas ces assurances, pas assez d'argent pour y adhérer, on comptait plus sur la providence, les prières et le Bon Dieu....

Pour aller cueillir ce maïs frais, papa attelle le couple de vaches Salers qu’il avait pour tout ces ouvrages, belles bêtes, immenses, majestueuses, à la robe bouclée d’un bordeaux magnifique, d’une force incroyable, mais aussi très vives et violentes sans raisons apparentes.
Ces deux belles, une fois se sont entreprises, et en écumant ont dévalé les champs, s’encornant, se jetant à terre, glissant à se briser le dos, défonçant de rage les haies et les talus qui faisaient obstacle à leur fureur, pulvérisant même dans leur bagarre de « bonne femme » un piquet de ciment de taille sérieuse, tout y passait, maman effrayée, suivait de loin , impuissante, ce couple infernal, devenu dangereux, tant elles bramaient comme des taureaux et étaient devenues incontrôlables, heureusement elles n’ont pas pris la direction des « civilisés », mais celle des champs et des travers, pour finir d’arrêter cette course folle au bord de l’eau, aux Igues, nom de l’endroit, l’une à genoux, toutes deux, les corps fumants, trempés de sueur et pleins de bave et même un peu de sang, blessées, par les barbelés qu’elles avaient arraché ou sauté comme des gazelles en folie, ou par des coups de cornes un peu trop bien ajustés….

Les poupées de coques...

C’était une parenthèse….
….. Papa attache donc la longue perche du tombereau au joug de ces bêtes attelées et pour le moment douces et passives comme des agneaux, et avec quelques petits coups de « guillon » les dirige vers la sortie de la ferme en direction du champ de maïs. J’accompagne papa, je suis assise à contre sens dans cette sorte de caisson roulant, qui se balance, en cadence mais sans confort, avec les pas des bêtes. A l’entrée du champ, papa coupe avec la faucille des brassées de maïs qu’il attrape d’une main et serre sous le bras pour le faucher, il le met dans le tombereau, moi je range tout dans le même sens et le tasse, il a pris soin d’en donner un peu aux bêtes trop tentées d’avancer et se servir elles-mêmes.
Elles fouettent l’air de leur queue et la touffe de crin qui est au bout vient battre et balayer constamment leur dos envahi par les mouches. Les taons, sorte d’énormes mouches, qui lorsqu’elles te poinçonnent te font en se retirant et comme souvenir, un beau trou et laisse une douleur persistante et lancinante, ces sales bestioles les piquent méchamment et font sursauter, ces immenses bêtes, leur museau est plein de mouche qui courent et les font renifler et secouer leur tête emprisonnée sous le joug, elles piétinent pour se débarrasser de celles qui grimpent aux pattes, c’est vraiment une cadence infernale et incessante qui leur laisse peu de répit devant l’assaut des ces miniatures ailées….
Lorsque la cargaison est faite , nous repartons, je monte sur le tas de maïs, et sur le chemin du retour je fais des poupées avec les coques en ouvrant les feuilles qui habillent le fruit aux beau grains légèrement anisé, ce vert-jaune, du grain pas encore tout à fait mûr, et de magnifiques cheveux blonds ou roux apparaissent, je n’ai jamais eu que ces poupées là, mais j’en avais de nouvelles tous les jours du temps que dureraient les maïs. J’étais très heureuse et j’aimais beaucoup retrouver chaque année mes poupées éphémères et n’en demandais pas plus. Sur ce tas de maïs, j’ai également pour compagnie des tas de coccinelles qui dérangées dans leur labeur et embarquées sans leur permission pour ce voyage vers l’inconnu, grimpaient vers la surface, pour s’envoler, elles ne se laissent pas attraper facilement ces jolies dames farouche, à la jolie robe rouge à pois noirs. Jje suis occupée ainsi sur le chemin, à essayer de savoir s’il va faire beau demain, en laissant grimper au bout de mes doigts ces bêtes à bon Dieu, et si elles en décollent pour disparaître dans les cieux d’un beau bleu….Quelles occupations, entre ces poupées d’un court moment et faire dire aux coccinelles le temps qu’il fera demain, je ne voyais même pas la route et son magnifique décor qui étaient sous mes yeux, j’étais trop absorbée….

La précieuse récolte

D’autres champs de maïs laissés à sécher sur pied, de la « pampe », dont leurs grains serviraient à gaver les canards ou les oies, et nourrir aussi les poules, une fois mélangés au blé.
On va le dépouiller là en novembre, nombreux vont aller le cueillir sur pied, dans les champs, pour le mettre dans des sacs de toile de jute de 50kgs, ils seront chargés sur un char de bois et celui-ci, une fois plein, les vaches attelées, et guidées, vont rentrer cette précieuse récolte à la ferme, où le travail n’est pas complètement terminé, seulement la première étape. Plusieurs soirées seront nécessaire à chacun, en les passant ensemble dans ces grandes cuisines, où assis au coin du feu, « al Cantou », se retrouveront dans ces grandes pièces, dont un coin est rempli de quelques uns de ces sacs, ou chaque coque de maïs extraite de leurs ventres seront dépouillées de quelques feuilles sèches, en prenant bien soin d’en conserver assez pour les tresser et les attacher par deux, et ainsi les suspendre aux perches où les saucisses et saucissons sécheront par la suite en Février, lorsque le cochon sera tué…..et que celles ci seront vidées de leurs coques, et soir après soir, le plafond, prend un autre aspect magnifique, il disparaît comme par enchantement et il vire progressivement vers un beau jaune d’or, qui va illuminer de sa couleur chaude, les soirées d’hiver, seules ses poutres noircies par la couleur du feu et du temps feront de magnifiques traits noirs au milieu de cet ensoleillement surnaturel . Les feuilles sont conservées dans les sacs et vont servir à confectionner les nouveaux matelas, et ceux-ci, une fois dans les lits des alcôves, dégageront ce parfum de frais, très agréable, mais il faut être vraiment rôdé pour supporter ce bruissement qui donne à nos nuits un autre son, une autre musique que celle du silence total, mais tout n’est question que d’habitude et on finit par oublier.

Tout revient encore à jouer

Et là encore, cette belle solidarité et union se retrouvera entre voisins. Ensuite durant ces longues soirées, papa fabrique ses paniers d’osier, ou prépare les longues ronces et les débarrasse de leur chair pour en garder seulement l’écorce, et les attache en cerceaux qu’il va plonger dans un grand baquet d’eau dans le grenier et les reprendra lorsqu’il fera des paniers ou corbeilles en tout genre, tout au long de l’hiver. Il met sur son genou chaque longue ronce les divise en deux et commence ce long travail de tirer sur la tige pendant que la lame de son couteau bien affûtée, en râpe la chair, et un amoncellement de copeaux monte à ses pieds. Maman de son côte brode, tricote, crochète ou reprise, chacun active, et nous à tour de rôle nous égrenons ces coques de maïs, au fur et à mesure des besoins, rangées de grains après rangées, en motifs divers, car tout revient encore à jouer, et tout en rêvant, les grains tombent dans les sacs et les coques sèches quelques unes vont pour animer le feu chancelant, d’autres mises de côté pour raviver les braises du lendemain matin….

hubert

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Hubert Plisson
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